Façade n°5 (Tout en bon ordre) |
Le tableau et la critique suffisent . Trémeau, "obsédé par les crimes et les exactions des nazis ", je connais suffisament Edouard Trémeau pour savoir combien la remarque est vraie...
Bonne lecture.
Extrait du "Catalogue Collection LAM, Lille Métropole, Musée d'Art Moderne d'Art contemporain et art d'art brut. HAZAN-LAM 2010
Texte de Nicolas SULAPIERRE.
"Façade n°5 ( Tout en bon ordre)
juillet-août 1980 ; huile sur toile ; 162 x 130 cm
acquisition en 1983
inventaire : 983.1.1
Edouard Trémeau a choisi la pérennité de la figuration pour faire face à l'histoire. Il circule dans la peinture par un jeu savant des références entre elles, assumant les descendances et le métier de peindre, le travail de la matière. Franz Hals, les peintures de Goya et de Manet sont intégrées dans une façon distanciée pour échapper au romantisme et au pittoresque. Son goût le porte tout autant sur le portrait de Monsieur BertinOtages de Jean Fautrier. L'histoire à laquelle il fait allusion, dans cette série des Façades d'Ingres que sur les commencée en 1980, est celle qui constitue un tout, reliant par des analogies et des presciences les périodes entre elles. Obsédé par les crimes et les exactions des nazis, Edouard Trémeau aime montrer comment l'histoire circule d'un symbole à l'auteur, imprègne les consciences, au point qu'elles se retrouve sous différentes formes de manifestations parfois méconnaissables.
Façade n°5 sonde les multiples manifestations de l'ordre et ses significations parfois contradictoires. L'atmosphère du tableau est étrange, presque inquiétante : un motard accompagné d'un berger allemand est une allusion claire à tous le modes de répression ou d'évocation des milices urbaines et terroristes. L'évocation des Brigades Rouges est probable. La scène semble se dérouler devant la façade du monument inachevé de Rimini célébrant le tyran Malatestiano. L'ordonnancement de l'architecture n'empêche nullement l'oeuvre de basculer dans une atmosphère magique presque cauchemardesque ; en effet, à la rectitude de l'architecture néoclassique s'opposent les teintes tourmentées en camaïeux de bleu, de gris et de blanc, une ambiance nocturne insolite qui nimbe l'ensemble. Parmi les éléments clairement identifiables, certains restent étranges, comme ce drapé au second plan, qui n'a pas de justification narrative et constitue simplement une allusion à la recomposition d'une scène de peinture.
[N.S.]"
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