dimanche 10 avril 2011

Lille Art Fair Suite

Edouard Trémeau m'envoie un courrier proposant un texte accompagnant ses œuvres. Je préfère refaire un billet en tenant compte de ses commentaires cette fois ci. Qu'il me pardonne pour la qualité des photos...il n'était pas simple de faire du bon travail photographique... quelques reflets traitres que j'ai essayés d'éradiquer au mieux....



Edouard :

Lille Art Fair
24 - 27  mars 2011
Présenté par la Galerie Vertikall (http://www.vertikall.com/)
Thématique générale : "DICTATURES"
Présentation de 3 pièces anciennes : une œuvre sur toile, deux dessins, montages.



OTAGE n°16 (1.62 m x 1.30m)
L’œuvre peint : "OTAGE n°16" (1m.62 x 1m 30, huile sur toile)
L'une des dernière toiles d'une série commencée en 1981 das le cadre d'une exposition de la "Figuration Critique" à la maison de la culture de Montreuil, intitulée "Résistances"
Présentation de l'ensemble (20 œuvres) au Colisée de Lens en 1987 alors que depuis un certain temps il est question de "l'otage". Celui (ceux) détenus au Liban et libérés en 1988. La fiction rejoint la réalité.






L'image, la rencontre


Le dessin "L'image, la rencontre"
L’assemblage d'éléments et de techniques . Recherches pouvant (pas nécessairement) devenir œuvres à peindre.

"Hommage néo paladin" ou la rencontre (l'opposition) d'un cliché pris à l'intérieur du théâtre olympique de Vincenne (Italie) et d'une idée contemporaine, à savoir l'oeuvre palladienne : les colonnes soutiennent la galerie ornée , à l'aplomb de ces colonnes, de statues à l'antiques.
Le basculement : reprise de la colonnade palladienne, comme une épure architecturale et, à l'aplomb de la colonne, à la mine de plomb, très "réaliste", le policier, son uniforme, le bouclier etc...






Incident Technique


Fission, Fissures, Fiction ou la centrale nucléaire en "Incident technique". Jeu à partir d'un puzzle offert à mon jeune enfant, que je fais exploser sur le papier.
Dessin à la minde d eplomb- Les intervants en scaphandre, la foule, reprise de documents d'actualité, se confrontant à la troupe pour dénoncer l'intention d'installer une centrale à PLOGOFF. Etonnant cette coïncidence. Alors qu'a lieu l'ouverture du salon, passe au dessus de nos têtes le nuage radio actif de la centrale japonaise...
Ces deux dessins datent de 1981.


Fin du message d'Edouard Trémeau.

dimanche 27 mars 2011

lille art fair du 24 au 27 mars 2011

entrée principale Lille Grand Palais
devant l'entrée principale
œuvre de l'artiste Alexandre Nicolas

Claude l'épouse d'Edouard, 5ème en partant de la droite


Edouard entouré

Détail de l'Otage, Edouard Trémeau



Edouard Trémeau
Ce qui frappe d'entrée, c'est la présence du crâne. On n'ose dire de la mort.
"lille art fair" se déroule sous fond de triple catastrophe japonaise, comme on dit.
L'entrée et son jeu de tissus blanc évoquent le regard vide d'un  crâne d'or qui s'élève sur sa hauteur...
Effet d'optique..peut-être...Ou bien morbidité marketing ? Présence du crâne, des crânes étranges de Alexandre Nicolas.
Nous ne savons rien de la mort au fond ?
Artistes déguisé sur le stand où Trémeau reçoit.
Chaleur amicale, dans un monde où des forces ténébreuses désignent de leur doigt crochus nos limites humaines... Nous sommes ensemble...vivant...n'est pas cela le plus important ...
Pierre T.

site de l'expo : www.lilleartfair.com

samedi 5 février 2011

Catalogue Collection LAM, Façade n°5.

Façade n°5 (Tout en bon ordre)


Le tableau et la critique suffisent . Trémeau, "obsédé par les crimes et les exactions des nazis ", je connais suffisament Edouard Trémeau pour savoir combien la remarque est vraie...
Bonne lecture.






Extrait du "Catalogue Collection LAM, Lille Métropole, Musée d'Art Moderne d'Art contemporain et art d'art brut. HAZAN-LAM 2010
Texte de Nicolas SULAPIERRE.


"Façade n°5 ( Tout en bon ordre)
juillet-août 1980 ; huile sur toile ; 162 x 130 cm
acquisition en 1983
inventaire : 983.1.1


Edouard Trémeau a choisi la pérennité de la figuration pour faire face à l'histoire. Il circule dans la peinture par un jeu savant des références entre elles, assumant les descendances et le métier de peindre, le travail de la matière. Franz Hals, les peintures de Goya et de Manet sont intégrées dans une façon distanciée pour échapper au romantisme et au pittoresque. Son goût le porte tout autant sur le portrait de Monsieur BertinOtages de Jean Fautrier. L'histoire à laquelle il fait allusion, dans cette série des Façades d'Ingres que sur les commencée en 1980, est celle qui constitue un tout, reliant par des analogies et des presciences les périodes entre elles. Obsédé par les crimes et les exactions des nazis, Edouard Trémeau aime montrer comment l'histoire circule d'un symbole à l'auteur, imprègne les consciences, au point qu'elles se retrouve sous différentes formes de manifestations parfois méconnaissables.
Façade n°5 sonde les multiples manifestations de l'ordre et ses significations parfois contradictoires. L'atmosphère du tableau est étrange, presque inquiétante : un motard accompagné d'un berger allemand est une allusion claire à tous le modes de répression ou d'évocation des milices urbaines et terroristes. L'évocation des Brigades Rouges est probable. La scène semble se dérouler devant la façade du monument inachevé de Rimini célébrant le tyran Malatestiano. L'ordonnancement de l'architecture n'empêche nullement l'oeuvre de basculer dans une atmosphère magique presque cauchemardesque ; en effet, à la rectitude de l'architecture néoclassique s'opposent les teintes tourmentées en camaïeux de bleu, de gris et de blanc, une ambiance nocturne insolite qui nimbe l'ensemble. Parmi les éléments clairement identifiables, certains restent étranges, comme ce drapé au second plan, qui n'a pas de justification narrative et constitue simplement une allusion à la recomposition d'une scène de peinture.
[N.S.]"

vendredi 4 février 2011

La Force Tranquille





La Force Tranquille, 1989





La Force Tranquille

Peut-être ne faudrait-il pas commenter la peinture. L’artiste aurait bien été capable à lui seul de dire par les mots ce qu'il ressent lorsqu'il peint...or par nature, il a choisi la peinture...Aussi devient-il délicat de tenter de dire à sa place, voir même sans doute prétentieux... Non , mais peut-être rendre compte de ce que je vois lorsque uni avec le l'œuvre...

Essais...

Je suis là assis devant un rhinocéros sortant de sa torpeur apparaissant derrière une roche sombre, le yin du tableau, yang est la bête...en directe opposition de la première remonte une autre roche en oblique. Les deux obliques forment alors la pointe d'un V, d'entre lesquelles sort l'animal. On dirait une naissance en quelque sorte.
Et puis oui, on n'est pas sûr que finalement la force ne surgisse pas d'un ventre de pierre, de chaire...Combien de fois à certaines heures de la journée, lorsque passe le soleil sur la toile, l’œuvre prend une carnation irréelle...Le tableau prend vie, et je me joins malgré moi comme la partie d'un Tout organique au sens de Georges E. Moore...le sol devient comme la peau d'un ventre de femme, dont les contrastes évoquent les contractions de l'accouchement.
Derrière, les blocs sur le fond préfigurent de manière quasi prémonitoire, ce que serait devenu le monument aux morts de Berlin inauguré en 2005...encore plus loin la porte de Brandebourg, dont l'une des limites est surlignée se profilant en une manière de veine rouge charriant un sang épais et nourricier, palpitant de vie dans un ciel noir d'humus...Cette veine surgie du noir retourne au noir, apportant en son sein une alchimie de vie à venir. Noire la nuit, c'est un monde inversé de celui du créateur, qui séparant les ténèbres de la lumière fit un jour puis une nuit....Ici la terre est chaire, le ciel est nuit, y passe une veine pour en revenir et la vie surgit alors par l'animal...

1989..année de la chute du mur...Ce mur de honte que j'avais connu comme une fatalité, comme quelque chose qui ne tomberait jamais. Quand on construit un mur c'est pour l'éternité...Enfant on se sent en sécurité chez ses parents, on « rentre à la maison », on « dort à la maison », cette entité supposée protéger le cocon familial de toutes les agressions, et faite de murs...Un mur est irrésistible, dur, destiné à rester à jamais, plus incorruptible que n'importe quoi, un mur est éternel, aussi il n'y avait aucune raison a priori pour que tombe un jour le mur de Berlin... Surtout un mur bâti après une guerre, par des militaires, un mur qui séparait des « perdants » des « gagnants », un mur supposé pour les uns préserver le bien du mal, un mur comme ça protège et sépare, alors c'est forcément pour toujours …

Il y a quelque chose de troublant sur ce tableau, je l'avais évoqué... Peint en 1989 Trémeau ne pouvait pas savoir qu'en 2005 les grues poseraient sur le sol Berlinois ce troublant Mémorial aux Juifs morts pendant cette guerre... Ce monument est composé de 2711 stèles de béton anthracite. Pas de symbolisme particulier dans le nombre selon l'auteur... Pourquoi Trémeau a-t-il dressé au fond de l'enclos de ce Rhinocéros une forêt de pierres cubiques levées ? Vestige de mur mal fagoté ? Le mur était-il vraiment ainsi ?
Pour l 'heure l'animal respire, avance tranquillement sa puissance à la lumière, une odeur forte semble planer autour de lui à la manière d'une aura bestiale...L'alchimie est en route. Non loin de la première roche verdoie un buisson dans ce noir absolu...La veine y court dans la sombre nuit, va-t-elle y puiser la vie, la vie qui traverse finalement tout, le minéral et le végétal pour finir en animal...Ordre d'apparition des choses dans l'univers, lumière et limbes séparées, devenant minéral, le minéral devenant végétal , le végétal produisant l'animal, et moi, suite de cette logique, je deviens homme...

Un trait rouge sombre traversant le minéral porte une force de vie, charriant le sang gras des nourrices bien en chaire, puisant la force des limbes obscures dont il faut taire le nom de la source faute de savoir....Il y a une logique malgré elle qui se cache dans cette toile, dont bien sûr les mots ne diront qu'une partie... il me semble parfois voir dans ce Rhinocéros un démon Empédocléen condamné à parcourir lors des trois prochaines myriades un parcours de purification, la vraie cette fois, celle qui devait nettoyer la race humaine du meurtre afin de retourner vers l'idéal perdu...Nous ne sommes qu'au début des terribles conséquences de ce trop récent événement que fut le génocide...après tout nous parlons encore 2000 ans après sa venue de cet homme qui vint proposer une autre forme d'amour. Nous n'avons pas encore tiré les conclusions de ce cette dernière guerre, les choses arrivent doucement...à pas feutrés.. Ce rhinocéros apporte à loisir la rédemption ou la fin ..son œil sombre ne diffuse qu’imprévision et impossibilité de connaître notre destinée...

Pierre TROTIN
Le dimanche 16 janvier 2011

samedi 29 janvier 2011

Le Gisant : une vieille histoire




GISANT N°1, 2006 ; Taille 162 x 97
Terminale à Normale Sup de Cachan. J'avais proposé deux thèmes qui me tenaient à cœur pour mon mémoire : Les Gisants  ou l'influence baroque en France. Il m'a été demandé de traiter du baroque. Ce que j'ai fait et fais toujours dans l'enthousiasme. Voir mon commissariat d'exposition pour On a choisi Rubens  dans le cadre de "Lille 2004 Capitale Européenne de la Culture".
Attraction de ces monuments où le Roi et la Reine en prière dominent leur propre corps, leur gisant voir leur "transi".
Le Gisant. Dans mon travail un sujet qui peut paraître nouveau. Mais l'est-il vraiment ? De la toile "Nazisme" de 1967, en passant par la mort de la Cité et sa ruine, par "Zoolitude" et ces longs rhinocéros couchés comme en une profonde douleur, de la "fin" est sans doute toujours présente dans mon travail. Le regard sur la fin de "l'autre".
Et puis un jour de 2005, alors que s'achève mon travail sur la place de l'œuvre dans le musée, surgit une date et son déclic : 2006.
En 2006 j'aurai 70 ans. Surprise ? Peut-être pas. Plutôt le moment arrivé "de". De traduire l'homme, celui que je suis, en l'état de son âge. Un "ECCE HOMO" laïc. Alors à débuté "cet état des lieux". Un corps de 70 ans, tel quel, en son "jus", de profil, de face et de dos. 
Deux triptyques. Le tout VERTICAL avant de basculer dans l' h o r i z o n t a l.
Gisants donc nés de cette logique irrémédiable de la vie d'un corps (avec la mémoire d'autres gisants : Christs d'Holbein et de Champaigne, les deux leçons d'anatomie de Rembrandt. Car nous n'inventons rien. Nous espérons seulement regarder d'un œil neuf ce qui a déjà été dit). 
Cela n'a rien d'effrayant. Ni dans l'image qui n'est pas celle du transi éviscéré ni dans l'attente immédiate d'une absence de l'au de-delà.
Celui qui peint est homme debout et qui, parce qu'il garde ses distances pour mieux appréhender, oublie qu'il est face à lui même pour représenter encore, l'image de l'autre et de son passage dans l'oubli.
Edouard Trémeau.

Gisant n°3, 2008, Taille 162 x 97