GISANT N°1, 2006 ; Taille 162 x 97 |
Attraction de ces monuments où le Roi et la Reine en prière dominent leur propre corps, leur gisant voir leur "transi".
Le Gisant. Dans mon travail un sujet qui peut paraître nouveau. Mais l'est-il vraiment ? De la toile "Nazisme" de 1967, en passant par la mort de la Cité et sa ruine, par "Zoolitude" et ces longs rhinocéros couchés comme en une profonde douleur, de la "fin" est sans doute toujours présente dans mon travail. Le regard sur la fin de "l'autre".
Et puis un jour de 2005, alors que s'achève mon travail sur la place de l'œuvre dans le musée, surgit une date et son déclic : 2006.
En 2006 j'aurai 70 ans. Surprise ? Peut-être pas. Plutôt le moment arrivé "de". De traduire l'homme, celui que je suis, en l'état de son âge. Un "ECCE HOMO" laïc. Alors à débuté "cet état des lieux". Un corps de 70 ans, tel quel, en son "jus", de profil, de face et de dos.
Deux triptyques. Le tout VERTICAL avant de basculer dans l' h o r i z o n t a l.
Gisants donc nés de cette logique irrémédiable de la vie d'un corps (avec la mémoire d'autres gisants : Christs d'Holbein et de Champaigne, les deux leçons d'anatomie de Rembrandt. Car nous n'inventons rien. Nous espérons seulement regarder d'un œil neuf ce qui a déjà été dit).
Cela n'a rien d'effrayant. Ni dans l'image qui n'est pas celle du transi éviscéré ni dans l'attente immédiate d'une absence de l'au de-delà.
Celui qui peint est homme debout et qui, parce qu'il garde ses distances pour mieux appréhender, oublie qu'il est face à lui même pour représenter encore, l'image de l'autre et de son passage dans l'oubli.
Edouard Trémeau.
Gisant n°3, 2008, Taille 162 x 97 |